samedi, février 02, 2008

Knock Knock Knock

Elle se lève, se dirige vers la petite table et se rhabille tranquillement, en fumant, dans un demi sourire elle me dit: «L'ambassadeur anglais trouvé mort au Ritz!»
Moi lunatique sur ses dessous et la façon qu'elle a de se les mouler sur le corps, tout bêta, comprends pas...
- Hein?
Son nombril grossit dans ma direction, je m'y engouffre mentalement.
- L'ambassadeur anglais, je te dis, trouvé mort au Ritz!
Elle me donne un bon coup de journal sur la margoulette pour que je décroche de son nombril.
- Hey, t'es folle ou quoi? je réplique.
- Lis! elle me dit en laissant tomber le journal sur moi.
Je titre: Le haut-commissaire de Grande-Bretagne retrouvé mort!
Je lis: Le haut-commissaire de Grande-Bretagne en poste à Ottawa, Sir William Rankine, a été retrouvé mort dans une chambre de l'hôtel Ritz Carlton de Montréal, hier matin. Une enquête est en cours pour déterminer blablabla... Le gouvernement canadien blablabla... Une soirée en l'honneur blablabla...
- Quoi tu vas me dire que tu y étais toi à cette soirée? je lance, n'est-ce pas, avec mon cerveau de flic automatisé, tout juste sorti de formation, frais rodé quoi… Bon vous êtes jaloux alors j’arrête, ça va !
- Et ben oui, j’y étais figure toi! Son demi sourire s’est transformé en un plat pays. Et avec le bonhomme en question !
Elle s’assieds sur le lit tout près et me fixe avec ses soleils verts tachetés d’orange comme si parce que j’étais flic j’avais toutes les réponses. Ben oui, je sais ce que je viens de vous dire mais tout de même il faut me laisser le temps.
- Attends, tu veux dire que tu y étais… À la soirée avec lui? hésitai-je !
- Non, pas seulement à la soirée, mais plutôt, avec lui, dans sa chambre, lorsqu’il est mort ! affirma-t-elle lentement, en séparant chaque affirmation.
Alors là, là elle m’épate la Cookie ! Je me redresse subitement pour bien m’adosser à la tête de lit. Je me laisse même plus distraire par ses nichons tout juste emballés dans une merveilleuse dentelle brunâtre, en parfaite harmonie avec la couleur de ses cheveux. Roux, brun, vert ; elle a du goût !
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J'en étais à ma deuxième journée dans l'escouade tactique d'intervention des forces policières. Moi et Bob s'adonnions, hormis la partie de quilles, à reluques la blonde aux gros lolos. « Et allez! Cales ta blonde jusqu’au fond Bob ». Nous n'étions pas peu fier d'avoir reçu notre full batch la veille et d'une certaine façon la vie s'offrait à nous avec une main gagnante. Nous étions descendus centre-ville pour nous payer cette petite après-midi entre amis et collègues de travail. Le soleil à l'équinoxe d'automne claquait les vitres tintes, presque noires, du Bowling bar restaurant. Les gens déambulaient dans les rues face à l'esplanade, vaquant à leurs occupations hebdomadaires, conciliant responsabilités, tâches, travail et toute cette merde dont je me moquais et dont je n'avais jamais voulue. Pas parce que je n'aurais pas été à la hauteur mais parce que j'avais besoin de vivre moi, besoin de sentir mes tripes de temps en temps, juste pour m'assurer que je suis en vie. On se tenait en forme à l'escouade; gym, course à pied, musculation, entraînement tactique tous les jours; y'a pas à dire on la méritait notre petite après-midi coulée douce. Bob lui c'était autre chose, paraît qu'avec les mômes on se tasse et on devient heureux. Peut-être que mon tour m'attend au coin de la rue, qui sait?
Toujours est-il qu’à la fin de l’après-midi j’avais empoché la rondelette somme de cent vingt dollars. Plutôt satisfait, je rentre pas chez moi comme mon compagnon, lui, fidèle à sa tendre moitié, moi, libre. J’avoue qu’il me fait pitié quelquefois. Certaines gonzesses avaient bien essayé de me garder, rien' que pour elle, pour toujours, de se faire engrosser, traîtreusement, pour me faire plier, mais c’est pas dans ma nature de plier. Que voulez-vous ? Mon destin je le tien, bien fort, entre mes mains. C’est pas demain que ça va changer !
Martine, la waitress me connaît bien. Une ancienne conquête. Une amie de Cookie. Je les ai pas comptées, mais ça fait beaucoup. J’ai ma réputation et quoi qu’elles en disent, les femmes adorent les tombeurs. Je suis précédé d’une aura de masculinité qui les fait déjà juter, avant même d’avoir entrepris le blablatérage nécessaire et usuel.
J'avais fait porter mon billet de loterie par Martine, toute la journée, bien enfoui dans son slip à la faveur de la merveilleuse rosace de son cul. De toute évidence, là se trouvait la source de toutes les fortunes; j'en étais convaincu!
- Allez redonne-moi mon billet maintenant! l'ordonnais-je! Allez! Allez! la pressais-je!
Elle me regarda sauvagement, déposa son cabaret et enfonça la main obscurément entre ses fesses pour en ressortir le précieux papier. Je le humai avec satisfaction.
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Laetitia,« Cookie », petit dèj avec son ambassadeur dans la chambre luxueuse du Ritz. Le serveur vient tout juste de rouler le chariot sur le bord de la fenêtre. Robes de chambre de l'hôtel sur le dos le couple ouvre leur cloche respective.
- Bon appétit! esquisse d'un sourire malicieux l'ambassy.
Elle regarde ses oeufs, relève la tête. Il a toujours son sourire mais soudainement un filet de sang coule sur le côté de sa joue. Il s'effondre en sonnant de sa tête la cloche restée sur le bord de l'assiette. Cookie remarque un petit trou dans la fenêtre. C'est tout selon elle... À part qu'elle se précipite...
- Pourquoi tu me contes ça Cookie, tu sais très bien que je suis flic.
- J'ai confiance en toi Marc, je me souviens de toi tu sais, j'ai toujours eu un faible pour toi. Je me suis toujours dit: (elle lève les yeux au ciel) « c'est avec un mec comme lui que j'aimerais finir ma vie. »
Vraiment là mes admis (rateur), je ne savais plus quoi penser. Mon petit doigt me disait qu'y avait là une trappe à nigaud. Mais grosse, grosse... Elle me prend pour un con, dis-je à bibi. Ça existe pas une femelle sincère pépère, ta mère te l'a appris, fais pas de confidences! La voilà qui se met à genoux aussitôt!
- Promets-moi de ne rien dire, Marc, mon amour... Marc, promets-moi...Après un moment de réflexion j'abrège aux supplications.
- Bon, bon, je ne dirai rien, pour l'instant je te couvre, on verra le développement de l'affaire, je te promets rien pour la suite. Raconte-moi d'abord! Comment tu te trouvais là?
Elle se met à marcher dans la petite pièce, comme si cela l'aidait à improviser je pense, en tapotant ses deux mains et ses dix doigts les unes et les uns contre les autres. Elle hésite et lâche : « William est mon amant depuis un an! » était... se reprend-t-elle.
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Casse-croûte, le chef de notre division répond au nom de chef ou encore capitaine mais, entre nous, les gars le surnomment respectueusement Casse-croûte. Son escouade occupe une ancienne gare, aménagée, dans le Centre Sud. Une dizaine de bureaux s’y dispute l’espace du rez-de-chaussée, gymnase, musculation et stand de tir bivouaque dans les affres du sous-sol (servez-vous de votre affreuse imagination) et la salle de réunion et exhibition garde l’étage…

Je débarque directement chez Casse-croûte me réformer…
- Salut chef ! je m’assieds à son bureaux… Chef je continu à surveiller les macaronis mais je voudrais jeter un œil sur l’affaire du Ritz Carlton… Casse-croûte lève finalement les yeux sur moi. J’additionne, on est quatre à faire du spaghetti, y’aura pas de boulettes avant longtemps ! J’ajoute alors ma carte maîtresse : j’ai peut-être un tuyau…

C’est un personnage bizarre le capitaine, frisé comme l’ancienne perruque de Patrick Normand, moustache rousse bien taillée, il ne grisonne pas mais je le soupçonne d’utiliser un produit capillaire masquant. N’empêche que pour la forme physique il n’a rien à envier aux meilleures recrues ! Pas bête non plus, sympa, laissant un large pouvoir d’enquête à ses hommes. Il m’aime bien ! C’est automatique car il choisit lui-même ses hommes. Lors d’une intervention musclée, pas question d’avoir un doute, tu hésites : «It’s too late baby !» Après six mois de formation, «a star is born», je suis un soldat ! J’ai pas encore tué j’attends d’avoir acheté un congélateur comme Bob ! Ah ! Je me fais rire moi-même ! Sans blague y’a pas que les tireurs fous et les prises d’otages, je sais boucler une enquête après des mois de travail, de surveillance, d’accumulation de preuves, de fouillage de merde. La gadoue italienne, nègre, motorisée, russe, chinoise, alouette… Dans le bureau de Casse-croûte il flotte toujours un léger relent d’huile d’arachides, de patates frites gang d’intello… Les tâches de graisse enjolivent les formulaires qu’il vous tend affectueusement. (J’ouvre ici une petite parenthèse, les formulaires du chef on les jettent parce que les stylos écrivent pas sur la graisse, je ferme la parenthèse !) Cela dit, les habitudes alimentaires du capitaine sont en complète contradiction avec son assiduité au conditionnement physique. N’est-ce pas ? Casse-croûte dirige toutes les interventions. Il fait le même boulot que nous, avec plus de responsabilités, de pliage de draps, de politicaillerie, de chichis !

- Ouais… répond le chef, moins bavard qu’un pet d’haricots.

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